À chaque fois... un sourire

Publié le par Ombre du clair de lune

 

 

Il était une fois, lui, elle…                                        …il était une fois, un sourire

Il était une fois, dans ce monde sans voix, sans bruit, sans rien, elle.

Il était une fois, dans ce monde ralenti, stoppé, immobile, lui.

Il était une fois, dans ce monde où deux regards se croisèrent, où tout autour devenait insignifiant, lui, elle, un sourire.

Ce sourire qui disait trop de tout, pas assez de rien. Ce sourire qui était moi.

 

Toute première fois…                                                         …tout premier sourire.

 

Lors de la toute première fois, lors du tout premier regard, je naissais. Parfois chez lui, parfois chez elle.
Ma naissance était rapide, trop rapide. Mais restait, pour toujours, à jamais.

Je ne voyais pas, n’entendais pas. Mais je pouvais toucher, toucher là où personne ne le pouvais, là où personne ne voyait, là, dans cet endroit qui n’avait jamais existé. Ce pouvoir, un pouvoir, me permettant de me déplacer, de créer, de donner, de prendre.

Au début, j’étais lui. Au début, j’étais sympathie, plaisanterie

Elle leva les yeux, ils se touchèrent. Quelques secondes, de très courtes secondes. Je touchais ses lèvres, j’arrivais à elle, je répondis. Petit, féminin, timide, charmeur.
Je répondis par un silence souriant.


J’étais quelque peu tout le monde. À la fois lui, à la fois elle, à la fois autre.

Il avait dit quelque chose, un mot ou peut-être deux. Elle avait répondu, moi aussi. J’étais toujours à ses lèvres. Ils parlèrent à travers moi, un sourire, le tout premier sourire, celui qui dit tout sans même le savoir.

Ils se quittèrent. L’un par ici, l’autre par là. Je ne suis pas resté longtemps, je devais m’endormir pour me réveiller bientôt. Je le savais. Comme tout. J’apparaissais quand il le fallait, à chaque fois différent.

 

 

Cette merveilleuse fois…                                                    …ce merveilleux sourire.

 

Je me suis réveillé chez elle, sur ses douces lèvres légèrement humides.

Il était là, en face. J’agissais, venais, partais comme je le voulais. J’étais là lorsqu’il le fallait. Comme maintenant.

Elle était forte, elle était seule, elle a inspiré, elle s’est approchée, elle l’a dit.

« Salut. »

Cette fois-ci, je n’étais plus le premier. J’étais un peu plus grand, un peu plus lumineux. Lorsque je changeais, les mots, leurs puissances, leurs charmes, leurs buts changeaient.

Les deux discutèrent, encore et encore. Ma grandeur, ma lumière, rien n’avait été perdu lors de l’échange. Je n’étais que plus grand, plus fort.

J’étais ce sourire qu’il fallait montrer, celui qu’on se souvenait, j’étais ce merveilleux sourire.

Je me déplaçais de lèvres en lèvres, j’étais parfois elle, souvent lui. Cela durait, un temps qu’on oubliait de compter, un temps si long qui ne durait qu’un instant.

Parce que tout devait se finir pour commencer, je me suis endormi, peu à peu, à travers eux, pour réapparaître sous une autre forme, une autre fois.

 

 

Cette triste fois…                                                                            …Ce triste sourire.

 

Mon réveil avait cet horrible gout salé, ce gout qu’on supportait mal. J’étais faux, j’étais trompeur, j’étais là avant le dire. J’étais elle.

Lui, il n’était pas là, pas encore. Elle devait annoncer cette chose, tragique, dangereuse. J’étais ce sourire qui semblait vouloir rassurer, ce faux sourire heureux qui n’apporte que les larmes.
Mais lorsque j’agissais, lorsque j’étais présent, je devais toucher, toucher l’âme des gens. Je devais tout dire. On ne pouvait me tromper, même avec toutes les forces existantes.

Il était là, elle devait lui dire. Mais pour attendrir les choses, j’étais là, bougeant, changeant légèrement, ne disparaissant jamais.

Elle l’a d’abord chuchoté... jusqu’à ma disparition. Petit à petit…

 

                                                                                  … Pour redevenir lui, plus tard, bien plus tard.

Toujours au même endroit, toujours au même moment. Juste quelques minutes passèrent, des minutes qui duraient une éternité.
Il l’avait écouté, il l’avait répondu. J’étais là pour le prouver. Mais au fond, au plus profond, il avait mal. Énormément mal. Il l’aimait, elle et moi. Elle l’aimait, lui et moi.

J’existais toujours, à jamais, à travers eux. Mais je n’étais plus aussi grand, lumineux. Je n’étais que ce triste sourire.

Puis je disparus, longtemps, trop longtemps. La disparition d’un sourire, ma disparition, en attendant de réapparaître.

 

La dernière fois…                                                               …Le dernier sourire.

 

Je me suis réveillé en elle, sur ses lèvres, par sympathie. Mais j’étais faible, faible et sombre.

J’étais en lui, peut-être encore plus sombre, plus faible. Elle avait peur. Je sentais. Je changeais sans cesse. Parfois j’avais le gout salé, parfois je tremblais, parfois je n’étais plus là.

Les mots ne sortaient plus. Puis, je l’ai sentis, ce souffle, ce sentiment, jusqu’au moment de ma rencontre avec moi-même. Ce moment où j’étais à la fois lui et elle.

Elle souriait. Il souriait. Nous nous embrassions.

J’étais un peu des deux à la fois. Mais je ne durais pas. Je n’étais plus cette première fois, cette merveilleuse fois, cette triste fois, j’étais la dernière. Le dernier sourire. Le sourire d’adieu.

 

Publié dans Poemes

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